Tension en Mongolie intérieure
Reporters sans frontières appelle les autorités chinoises à ne pas retarder la libération prévue, le 10 décembre prochain, du militant des droits de l’homme et journaliste Hada, emprisonné depuis 1995 en Mongolie intérieure. Les autorités locales montrent une certaine nervosité à l’approche de la fin de la peine de Hada, notamment vis-à-vis de ses supporters. Nous leur demandons de lui permettre après sa libération de retrouver sa famille et de cesser toute forme de surveillance à l’encontre des militants des droits de la minorité mongole qui s’expriment pacifiquement sur le Net.
Arrêté par la police le 10 décembre 1995, Hada a été condamné en 1996 à quinze ans de prison pour « séparatisme » et « espionnage ». Les autorités lui reprochaient la création d’une association de défense des droits de la minorité mongole et d’une revue The Voice of the Southern Mongolia.
Pendant sa détention, Hada a été victime de mauvais traitements dans la prison de Chifeng (Mongolie intérieure). Malade, il a été régulièrement brimé par d’autres prisonniers ou des gardiens, lui interdisant notamment d’écrire, de lire des livres et des journaux. En 2009, les médecins de l’hôpital ont diagnostiqué une névrite périphérique et une phlébite, mais rien n’a été fait pour soulager ses douleurs. Son épouse et son fils ont également été victimes de représailles pour leur engagement en faveur de sa libération.
Plus d’informations sur Hada : http://www.smhric.org/campaigns.htm
L’écrivain Govruud Huuchinhuu, connue pour son combat en faveur des droits des Mongols de Chine, est désormais assignée à domicile, accusée d’avoir tenté de rassembler, via Internet, des supporters pour accueillir Hada. Interpellée à son domicile de Tongliao (sud-est de la Mongolie intérieure), le 11 novembre 2010, par deux policiers en civil, elle a été conduite au bureau de la Sécurité publique du district d’Horchin, puis renvoyée chez elle. Elle n’est plus libre de ses mouvements et reste injoignable.
Govruud Huuchinhuu se mobilise depuis plus de dix ans pour la liberté d’expression, notamment sur Internet. Elle participait bénévolement à l’animation et l’administration de forums de discussion d’étudiants et intellectuels mongols. Ces forums ont été fermés par les autorités chinoises ces dernières années, accusés de « poster des contenus sécessionnistes » et « discuter de problèmes ethniques ». Une perquisition avait été menée chez Govruud Huuchinhuu, suite à l’interdiction de Mongol Yurt Forum. Les policiers avaient alors effacé tous les documents se trouvant sur le disque dur de son ordinateur. Le créateur du site, M. Sodmongol, avait été arrêté, le 17 avril dernier, à l’aéroport international de Pékin alors qu’il se rendait au forum permanent des Nations unies sur les questions indigènes (PFII). Bien que libéré au bout de trois mois, il reste toujours injoignable.
La Mongolie intérieure n’échappe pas à la cyber-censure imposée par le gouvernement chinois. Dernier en date à avoir été fermé, le forum de discussion Ulaaq, avait été créé et géré par l’écrivain M. Naranbilig. Le site a été « sinisé » et son détenteur assigné à résidence.
A ce jour, plus aucun site ni forum de discussion vraiment indépendant n’existe en Mongolie intérieure.