Moratoire sur la peine de mort en Mongolie
Dans un vibrant discours devant le Parlement, le 14 janvier 2010, le président de Mongolie M.Tsakhia Elbegdorj a développé tous les arguments avancés par la communauté des abolitionnistes contre la peine de mort.
« Je demande à la Mongolie de mettre derrière nous cette peine de mort, qui dégrade notre dignité face à la mort», a déclaré au Parlement le président démocrate Elbegdorj Tsakhia, à Oulan Bator le 14 Janvier dernier.
Le point de vue abolitionniste d’Elbegdorj n’a rien de nouveau. Comme il l’a rappelé aux membres du Parlement, il préconisait déjà l’abrogation de la peine de mort dans le cadre de la réforme constitutionnelle quand il était assis parmi eux il ya 19 ans déjà.
Cette fois, dans son premier discours sur la question de la peine de mort depuis qu’il a pris ses fonctions en Juin 2009, Elbegdorj a détaillé huit raisons pour abolir la peine capitale, en citant la plupart des arguments régulièrement avancés par les organisations membres de la Coalition mondiale.
Il a insisté sur l’existence d’alternatives plus efficaces pour assurer le châtiment des criminels et a souligné que la peine de mort ne laisse aucune place à la réparation en cas d’erreurs judiciaires. « Il ya des cas où la peine de mort a été imposée à un individu innocent à la place du réel coupable, dit-il.
Il a ajouté que la peine de mort a été utilisée pour des raisons politiques et par des puissances étrangères en Mongolie par le passé, et que cela ne devra plus jamais arriver à nouveau.
Elbegdorj a également déclaré que la Mongolie, « en tant que membre de la grande famille mondiale», ne peut pas continuer à utiliser un châtiment qui « dégrade la dignité humaine». Il a fait référence à la tendance mondiale à l’abolition, y compris aux Nations Unies, et a dit : «L’État mongol doit revisiter sa politique sur la peine capitale, bien que tardivement, l’écrasante majorité des pays du monde ont déjà choisi d’abandonner la peine capitale. Et nous devons suivre cette voie. Le chemin que la Mongolie démocratique doit prendre, doit être propre et sans effusion de sang. »
Citant des rapports internes et des études venant des membres d’organisation telle qu’Amnesty International par exemple, le président a ajouté que l’administration secrète de la peine de mort en Mongolie ressemble à un «trou aveugle et obscur, tout comme l’enfer ».
Il a annoncé qu’il allait établir un moratoire sur les exécutions en transformant toutes les peines capitales en peines de prison par le biais de la grâce présidentielle et a appelé les législateurs à se diriger vers l’abolition.
Toutefois, comme les partisans politiques d’Elbegdorj ont une minorité de sièges au Parlement, la tâche ne sera pas facile.
Plusieurs États abolitionnistes ainsi que l’Union européenne ont déjà salué le discours d’Elbegdorj.