Les mongols en lutte avec les richesses minières
Les Mongols, jusque récemment se décrivaient comme “des mendiants assis sur un tas d’or”. Le pays possède de grands, mais encore non exploités, gisements miniers.
(…) Les récents projets d’exploitation du sous sol mongols laissent entrevoir une transformation plus que rapide du pays (source : The Economist). Le gouvernement va dès à présent faire face à des problèmes d’ordre divers : comment gérer les retombées économiques sans déstabiliser l’économie, le régime démocratique et gérer l’impact environnemental ?
Il a peu de doutes quant au boum économique. Le FMI prévoit une croissance annuelle à deux chiffes pour les années à venir, le PNB devrait quadrupler et atteindre environ 2000 USD d’ici à 2018.
Deux sites situés dans la région sud du désert de Gobi retiennent toute l’attention. On attend d’elles beaucoup quant à la future bonanza du pays. L’une, Oyu Tolgoi, qui a reçu le feu vert d’exploitation l’année dernière, devrait, au plus fort de sa production, faire sortir environ 40 millions de tonnes de cuivre et d’or également.
L’autre, Tavan Tolgoi, est un site d’exploitation de charbon, dont la nouvelle capacité est au centre de tous les débats : pour preuve, un nouveau réseau ferroviaire et routier relie le site directement à son client principal, la Chine voisine ( !!).
Le gouvernement sera le principal bénéficiaire de ce boum : il est propriétaire du tiers d’Oyu Tolgoi (Ivanhoe Mines, une société canadienne, est l’autre propriétaire.
Le président Elbegdorj considère cependant la situation actuelle dangereuse : « si nous continuons à générer des revenus extraordinaires et à injecter autant d’argent dans un système politique mauvais avec une mauvaise gouvernance, je pense que le pays sera en crise » déclare-t-il.
Les hommes politiques mongols fonctionnent beaucoup au patronage, offrant invariablement de l’argent liquide et autres cadeaux pour gagner le maximum de voix.
La corruption pourrait tout aussi bien continuer à prospérer comme ce fut le cas au début des années 1990 (vague immense de privatisations, dont plusieurs officiels avaient tiré plus qu’un large bénéfice). Plusieurs hommes haut placés ont des cartes à jouer dans le secteur minier. Même un cycle de dépenses publiques vertueux pourrait alimenter l’inflation.
De même une économie seulement basée sur l’exploitation de matières est plus vulnérable face aux fluctuations des cours. Une nouvelle loi fiscale de stabilité a été votée. Cette dernière a mis en place des indices : quand les prix sont au delà de l’indice fixé, les excédents seront placé dans un « fond de stabilité » ; si les prix chutent en deçà de l’indice, le gouvernement se servira de l’argent placé dans le fond pour équilibrer la balance.
D’autres lois préventives ont vu le jour, notamment un renforcement de la législation contre la corruption. Et Elbegdorj souhaite plus que tout booster les investissements dans le secteur tertiaire, notamment le tourisme, la banque. Il a déclaré que les retombées du secteur minier devrait retomber autour de 20% dans es 20 prochaines années (contre 70% actuellement.
Cela semble improbable. Cependant il demeure l’espoir que les dirigeants actuels de la Mongolie, mieux éduqués et plus au fait que leurs prédécesseurs, comprennent le dilemme qu’implique la gestion d’une richesse soudaine et les attentes qui en résultent.
« Nous pouvons choisir entre devenir le Chili ou le Nigeria » déclare un conseilleur du gouvernement, gouvernement d’un pays où tout s’accélère..