Les mines mongoles : exploitation et situation actuelle
La Mongolie est assise sur une mine d’or… et de cuivre, de charbon, d’uranium, d’argent, de tungstène et bien d’autres. Vingt ans après la chute du régime communiste et l’ouverture du pays, le gouvernement se dit maintenant prêt à exploiter ses richesses. Mais tergiversations et législations encore changeantes mettent un frein aux investissements étrangers.
Ivanhoe Mines aura mis plus de neuf ans à s’entendre avec le gouvernement mongol pour l’exploitation d’Oyu Tolgoï, le plus gros gisement de cuivre et d’or au monde encore non exploité. En signant l’entente en octobre dernier, elle aura dû concéder 34% des parts à l’État mongol. La minière de Vancouvers peut toutefois se compter chanceuse. Khan Resources, une petite société de Toronto, s’est carrément vu retirer ses licences d’exploration et d’exploitation d’un gisement d’uranium fin mars. Elle y avait déjà investi 20 millions de dollars.
Ce genre de rebondissement juridique est courant en Mongolie. Pas étonnant donc que dans son dernier sondage annuel mené auprès de dirigeants de compagnies minières, l’Institut Fraser place le pays parmi les 10 destinations minières les moins accueillantes, loin derrière le Québec, au premier rang. L’étude prenait notamment en compte l’environnement fiscal, législatif et la stabilité politique.
Les déboires de Khan Resources ont tout de même créé une onde de choc, dit Graeme Hancock, analyste du secteur minier au bureau d’Oulan-Bator de la Banque mondiale. «Les gens ont perdu confiance en la Mongolie en tant que destination minière. Pourquoi viendraient-ils investir 100 millions de dollars ici pour ensuite se faire retirer leur licence?»
En attendant une politique claire, les investissements étrangers d’envergure resteront marginaux, croit Graeme Hancock. «Qui dépensera de l’argent à développer une mine dans laquelle le gouvernement n’investit aucun argent tout en contrôlant les intérêts?»
Le vice-ministre des Mines mongol Ariunsan Baldandjav s’énerve lorsqu’on prononce le nom de Khan Resources. «L’uranium, c’est une ressource stratégique. Il faut donc (que l’État) ait un certain contrôle», argue-t-il. Du même souffle, il nie toutefois que les déboires administratifs de la minière canadienne soient liés à la nouvelle loi sur l’énergie nucléaire. Adopté en 2009, elle stipule que l’État mongol devra être actionnaire majoritaire dans tout projet concernant l’uranium. Autre douche froide pour l’industrie, à la mi-avril, quand le président du pays Tsakhia Elbegdorj a annoncé que plus aucune licence ne serait émise tant qu’une nouvelle loi sur les mines ne serait pas écrite. Selon lui, le processus d’attribution commençait à «ressembler aux activités du crime organisé».
Retrospective et perspective : Durant les presque sept décennies de règne communiste, le pays ne comptait que deux mines. Seul l’allié soviétique pouvait explorer le sous-sol mongol, avec ses technologies archaïques. Résultat: jusqu’à ce jour, environ 30% seulement du territoire de ce pays montagneux, désertique et peu densément peuplé a été exploré. Et déjà, les découvertes de gisements de différents minéraux sont phénoménales. La Mongolie espère faire tripler son PIB (5,3 milliards en 2008) au cours de la prochaine décennie, principalement grâce au boom minier. Malgré toutes les embûches, l’industrie minière mongole prendra tôt ou tard son envol. «Quand les règles du jeu seront claires», précise Graeme Hancock. «Les compagnies doivent savoir que ce n’est pas un endroit pour devenir riche du jour au lendemain. Elles doivent y aller dans une perspective à long terme».