Les enfants des rues en Mongolie
« Enfants des rues, enfants perdus »
Oulan-Bator. Fin Juillet. La nuit est tombée sur la ville.
Premier week-end dans la capitale mongole, je suis fraîchement débarquée du Transsibérien (depuis Pékin) et m’apprête à partir dans le village de Khandgait, dans un orphelinat, pour un projet humanitaire de deux semaines, développé par une association mongole et soutenu par des volontaires internationaux.
A la veille du projet, nous décidons, quelques amis volontaires et moi, d’aller faire un tour d’UB la nuit et d’en profiter pour essayer une des fameuses bières mongoles dont nous avons tant entendu parler ! Bien loin de l’animation du bar ou de la fraîcheur de ma boisson, cette première expérience nocturne restera gravée dans ma mémoire sous une autre forme :
Sur notre chemin de retour, nous faisons une rencontre inhabituelle : Sur le trottoir d’en face marche à faible allure un enfant, un jeune garçon, d’à peine 7 ou 8 ans. La lumière blafarde des lampadaires permet de distinguer ses vêtements partiellement déchirés, ses pieds vêtus de légères sandales à bride usées jusqu’à la lime, mais surtout la gravité de son visage. Malgré sa tête baissée et ses yeux résolument fixés sur ses chaussures, il lui est impossible de cacher la large plaie ouverte sur sa joue. Quelques gouttes de sang s’en écoulent encore.
Malheureusement ce soir là ne sera pas la dernière fois que je croiserai de telles silhouettes dans les rues d’UB. En Mongolie, tous peuvent se rendre compte du problème des enfants errants. Néanmoins, le fait qu’aucune solution n’ait encore été trouvée pour résoudre ce phénomène renseigne sur un problème à l’échelle de la société dans son ensemble. Que faire des nombreux orphelins ? Ou des enfants qui préfèrent quitter leur foyer, devenu une prison ou une torture pour eux –en raison de parents violents par exemple ?
Ce phénomène révèle plusieurs problèmes de taille qui s’imposent au gouvernement mongol dans sa volonté de modernisation du pays :
– Passer d’une société exclusivement nomade à une société sédentaire ne se fait pas sans accrocs. Vouloir habiter en ville implique de trouver un logement, un travail et de réussir à s’adapter à la vie sédentaire. Ce qui n’est pas facile pour tous.
– Le problème d’alcoolisme est un mal récurent dans de nombreux pays en développement. Au même titre que les pays d’Europe de l’Est, par exemple, la Mongolie doit faire face à de nombreux délits et violences dus à l’absorption d’alcool en très grande quantité.
– La maltraitance enfantine est souvent une des conséquences directes de l’alcoolisme parental. Pour certains enfants/adolescents, la rue semble offrir un meilleur refuge que le foyer familial.
– De même, les enfants abandonnés sont un autre « fléau » avec lequel il faut traiter. De nombreux bébés et enfants en bas âge peuplent les orphelinats du pays – souvent surpeuplés et sous équipés : manque de soutien financier, manque d’infrastructures…
Que fait vraiment le gouvernement ?
Camille Barberet, Mongolie été 2010