Le feutre mongol: mode d’emploi
Utilisation traditionnelle du feutre
Les cinq animaux les plus importants des nomades en Mongolie sont la vache, le mouton, le chameau, la chèvre et le cheval. De ces animaux, un éleveur mongol peut obtenir la plupart des ressources dont il a besoin pour survivre : vêtement, logement, nourriture, outils, jeux et source de revenu. De tous ces animaux, le mouton est le plus polyvalent car il fournit les produits laitiers, la viande et le feutre dont dépend la survie des familles nomades sous le rude climat mongol.
On surnomme souvent la Mongolie «la nation de feutre» qui reflète l’importance de cette matière pour le peuple. Bien qu’il soit employé dans la confection de certains vêtements, chapeaux pantoufles ou autres chaussons, le feutre est principalement utilisé en tant qu’isolant simple et efficace de la yourte traditionnelle. On le dispose sur le cadre en bois entourant la yourte puis on le recouvre d’une housse en coton blanc. Ainsi, les yourtes ont une forme idéale qui protège à la fois de la chaleur de l’été et des tempêtes de neige de l’hiver. Ces isolations en feutre ont une épaisseur d’environ 2 cm. En été, une seule couche suffit alors qu’en hiver il est plus fréquent d’en utiliser 3 ou 4 car les températures chutent à -40°C.
Procédé de fabrication du feutre
Il existe plusieurs techniques traditionnelles pour fabriquer le feutre Mongol en fonction des régions mais le principe de base reste le même. Aujourd’hui, on peut encore admirer au Musée National d’Histoire un tapis de feutre datant du 13ème siècle décoré de quelques animaux stylisés.
Les mongols fabriquent le feutre en mois d’août. Avant de débuter sa confection, il est important de prévoir une date propice en consultant le calendrier lunaire. Il faut aussi prévoir suffisamment des 3 différents types de laines de mouton : la laine d’été tirée d’un mâle, d’un jeune adulte ainsi que celle d’un agneau. La laine de la femelle n’est pas utilisée.
Voici les principales étapes de fabrication :
ÉTAPE 1
La laine est battue avec des bâtons souples afin d’éliminer la saleté accumulé entre les fibres. On en obtient une laine grossière qui devient plus fine au fil des heures. Ce sont généralement les femmes et les enfants de la communauté qui battent la laine, et ce pendant une bonne journée.
(photo: www.touristinfocenter.mn)
ÉTAPE 2
La laine battue est maintenant étendue sur une bâche ou un tissu. Une fois disposée en couche, on l’arrose régulièrement avec de l’eau.
(photo: www.en.unesco.org)
ÉTAPE 3
Le tissu est alors enroulé autour d’un tronc d’arbre puis le tout tiré par des chevaux ou des chameaux à travers la steppe pendant des heures afin de le compresser. Une fois que le feutre est suffisamment compact, il sera déroulé et laissé au soleil. Une fois sec, le feutre est alors prêt à l’emploi.
En apparence, il s’agit là d’un processus de fabrication très simple. Pourtant, dans les faits, il nécessite des années d’expériences et des heures d’un travail d’équipe acharné. Depuis, on a vu l’apparition du métier à tisser, du feutre synthétique et de la fabrication industrielle. Néanmoins, ce procédé et l’utilisation du feutre traditionnel continuent de perdurer à travers les âges, protégeant du froid des générations de nomades mongols.