Exposition vidéo sur la préhistoire et ses « traces en Mongolie »
Ariane Michel à la fondation Ricard : retour vers le passé
Les vidéos naturalistes d’Ariane Michel immergent le spectateur dans l’univers de la Préhistoire. Entre jeu du regard et rejet de toute superficialité, les œuvres de la jeune artiste font mouche dans les galeries parisiennes.
Grâce à un jeu porté sur l’intérieur et l’extérieur, les vidéos d’Ariane Michel plongent le spectateur dans l’univers méconnu de la Préhistoire. A travers son exposition Paléorama visible à la fondation d’entreprise Ricard, l’artiste, à la fois réalisatrice et photographe contemporaine propose, entre autres, La ligne du dessus, un panorama composé de quatre panneaux où défilent des séquences tournées en pleine Mongolie.
Là où certains projettent un désert aride, le paysage abrupt de la steppe, elle, offre une image fragile de cet espace inaccessible. Elle fait de la nature et des chevaux de Przewalski (du nom de l’explorateur russe qui les a découvert en 1879) le centre de sa création. Invisible derrière sa caméra, elle capte des images rares de cet animal que l’on retrouve peint sur les fresques de Lascaux.
Trop sauvage pour être domestiqué et paradoxalement trop vulnérable pour survivre en dehors de la captivité, il est un symbole à lui tout seul. Il ramène l’Homme a ses racines. Cette idée de « refaire les fresques pariétales avec le vivant » se retrouve également dans sa vidéo La cave Jarkov diffusée au même endroit, dans une cabane en bois ressemblant à une yourte.
Son mythe de la caverne, elle le construit à travers la figure d’un explorateur en Sibérie essayant de dégeler un fossile du mammouth Jarkov vieux de 19.000 ans. La tâche est longue et fastidieuse, l’atmosphère intime et l’approche douce et respectueuse. À la lumière tout en clair obscur d’une torche, elle invite le spectateur pour une plongée intra-utérine aux origines de l’espèce humaine.
Plus dans la sensation que dans la narration, Ariane Michel transporte le public dans une faille spatio-temporelle où il perd ses repères. En tant qu’observatrice, elle devient l’égal des animaux qu’elle filme et offre un instant de vie où l’homme tente de s’adapter à la rudesse de la nature, comme dans Le camp visible à la galerie Jousse jusqu’au 29 mai, également projeté pendant la Nuit Blanche 2009, où des chercheurs sont surpris par une invasion de moustiques.
Le son d’ambiance prend toute son ampleur. Bruissement du vent, bourdonnements de moustiques, chants d’oiseaux ou encore hennissements de chevaux, compose le fond sonore qui guide le spectateur vers cette contrée sauvage. Sans le prendre par la main mais en le tirant par les oreilles, elle l’invite dans cet univers dénué de toute superficialité.
Dans le préambule de son exposition elle avoue que son but est de « se retrouver quelque part au milieu du monde pour fabriquer une nouvelle fresque, une vidéo qui, en écho avec les peintures, tenterait de restituer la force vitale d’une présence à la nature, et de glisser un peu du souffle du monde sauvage dans les lieux d’une exposition. »
Face à ces images d’une pureté originelle, le public s’oublie et se déleste de sa vie citadine. Prendre le temps d’écouter la nature, attendre patiemment que quelque chose se passe. Ce sont autant de perceptions oubliées et figées sur pellicules qui redonnent le sens des valeurs simples.
Le camp Du 29 avril au 31 mai 2010 Galerie Jousse 6 rue Saint-Claude 75 003 Paris Téléphone : 01 53 82 10 18 www.jousse-entreprise.com Entrée libre
Paléorama Du 07 avril au 12 mai 2010 Fondation d’entreprise Ricard 12 rue Boissy d’Anglas 75 005 Paris Téléphone : 01 53 30 88 00 www.fondation-entreprise-ricard.com/expositions/ Entrée libre