Biographie du Maréchal Choibalsan
Choibalsan, « le petit Staline »
Khorlogiin Choibalsan, né en 1895, est très tôt impressionné et influencé par la puissance russe. Fils d’éleveur ruiné, sa famille a fortement souffert des ambitions chinoises en Mongolie.
Choibalsan crée en 1919 un groupe révolutionnaire qui milite en faveur d’un bouleversement national radical dans tous les domaines. L’année suivante, il décide de faire fusionner son groupe avec un autre cercle révolutionnaire, celui du (futur) fameux Damdingiin Sükhe-Bator – même si celui-ci a une ambition moindre : l’indépendance du pays étant son but ultime. Tous les deux entrent vite en contact direct avec le gouvernement et l’Armée soviétique, en cherchant à être soutenus officiellement dans leur action et en s’initiant aux techniques de combat de l’Armée Rouge.
Après la parenthèse du règne éphémère du Baron Ungern « le Baron fou » au début de l’année 1921, Sükhe-Bator et Choibalsan reviennent en force en Mongolie ; armés – début juillet 1921, Sükhe-Bator arrive à la tête de 10000 soldats soviétiques ; et organisés – leur groupe a muté pour former le Parti Populaire Mongol et a constitué un Gouvernement Provisoire de sept membres. Le 9 juillet 1921, le pouvoir passe aux mains du Parti, bien que le Bogdo Gegeen conserve son titre spirituel de souverain de la Mongolie.
Dès cet instant, le pays s’aligne trait pour trait sur la politique soviétique, devenant le premier Etat satellite de la grande puissance. Grâce à la bonne volonté du gouvernement central à Ourga, la future Oulan-Bator, la Mongolie se transforme en suivant la directive générale reçue de Moscou : « passage direct du fédéralisme au socialisme, en évitant l’étape capitaliste ».
La mort de Sükhe-Bator en février 1923, mais surtout celle du Bogdo Gegeen en 1924 ouvre la voie encore plus grande au régime révolutionnaire voulu par Choibalsan. Lors de son IIIème Congrès, le parti prend d’ailleurs le nom de Parti Populaire Révolutionnaire Mongol (PPRM). En novembre 1924, le Parlement (Ikh Khural) proclame l’instauration de la République Populaire de Mongolie (RPM) et adopte sa Constitution. Choibalsan prend le titre de Maréchal – à l’image de Staline, son modèle – et est nommé Commandant en Chef de l’Armée.
Les premières années d’existence de la RPM voient se structurer le parti et le pays : division du territoire en unités administratives, organisation des unités de travail et de production, adoption et mise en circulation de la monnaie nationale (le tögrög, tougrik)… Mais très vite, des problèmes apparaissent : les années 1930 sont caractérisées par une crise grave, aussi bien politique qu’économique et sociale. Choibalsan devenu Premier Ministre, il est l’instigateur de nombreuses purges au sein du Parti d’abord, puis dans la masse populaire ensuite. En 1937 et 1938, point culminant des purges, il s’attaque particulièrement aux intellectuels et aux moines, qui voient leurs monastères détruits et sont contraints de fuir pour échapper à la mort, la déportation ou le retour à la vie laïque imposée par le gouvernement. En 1939, Choibalsan devient le chef d’Etat de la Mongolie et s’apprête à mener le pays avec sévérité et dureté, à l’image des purges des années précédentes. Cependant, l’effort de guerre contre les attaques expansionnistes japonaises (repoussées grâce à l’aide soviétique) et le soutien matériel et humain apporté à l’URSS mobilise le pays en son entier et retarde quelque peu la « modernisation » du pays.
Avant de mourir en 1952, le « petit Staline de Mongolie » avait réussi à faire de son pays un parfait Etat satellite de l’URSS. Le culte de la personnalité qui lui était dédié cherchait également à approcher celui de Staline : créant une université à son nom, remplaçant l’alphabet mongol par l’alphabet cyrillique, imposant une terreur policière de tous les instants…
Un an après Choibalsan, Staline décède, marquant la fin définitive d’une époque pour le monde soviétique.