La Mongolie en grande difficulté cet hiver
Le pays, aux prises avec des recettes publiques appauvries et une monnaie historiquement faible, est à la recherche de millions de dollars d’aide internationale d’urgence à cause d’un hiver extrêmement rigoureux cette année et connu sous le nom de « zud ». Celui-ci menace de décimer un très grand nombre d’animaux à travers tout le pays.
Les troupeaux ont atteint un nombre « record » suite à plusieurs hivers très doux, suite à des programmes gouvernementaux incitant les éleveurs à un élevage de plus en plus intensif. Cela a pour conséquence la dégradation d’environ 80% des pâturages. Ainsi de nombreuses régions sont enfermées dans une spirale descendante où les éleveurs ont besoin de toujours plus d’animaux pour maintenir leurs revenus or cela endommage de plus en plus les terres de pâturage.
Les agences internationales et les banques pourraient collectivement offrir jusqu’à environ 10 millions de dollars d’aide. Cela pourrait ouvrir la porte à des prêts multilatéraux futurs si les perspectives économiques du pays continuent de se détériorer dans l’année à venir, et lorsque la dette internationale arrivera à échéance.
La menace économique pour les éleveurs de la Mongolie intervient alors que le pays est déjà aux prises avec la fin du cycle des matières premières, ce qui a appauvri les recettes publiques de la nation pourtant riche en ressources et poussé la monnaie à une faiblesse historique.
Si le temps toujours plus froid et les chutes de neige s’accentuent encore cela va empêcher complètement les animaux de se nourrir en Mars et Avril. Or ce sont ces mois-là qui couramment voient les animaux jeunes et affaibli être les plus vulnérables. Les éleveurs en plus grande difficulté n’auront pas d’autre choix que de se rapprocher des villes à la recherche d’un nouvel emploi. Le Zud en 2000 avait décimé environ un tiers des animaux du pays et poussé des dizaines de milliers de familles vers les bidonvilles autour de la capitale Oulan-Bator. La Croix-Rouge a publié cette semaine des informations à propos de son fonds de secours d’urgence en cas de catastrophe naturelle et a averti que « des millions d’animaux » étaient susceptibles de mourir ce printemps. Mais les entretiens avec des responsables et des éleveurs ont révélé que le problème a des racines plus profondes que simplement la rigueur de la météo.
Les chèvres, notamment, sont prisées pour leur cachemire, néanmoins elles contribuent fortement à la désertification parce qu’elles mangent l’herbe avec sa racine. Le ministère mongol de l’agriculture a estimé en septembre dernier que le nombre total d’animaux dans le pays était compris entre 50 et 70 millions. Le prix de la viande et des peaux a fortement diminué en raison de l’offre excédentaire, tandis que la laine et le cachemire de qualité se détériorent à cause de la faible qualité de la végétation disponible. Les exportations vers la Chine ont été suspendues jusqu’à récemment à la suite des foyers de fièvre aphteuse en Mongolie.
Dans la province de Bayankhongor, la première en terme d’élevage de chèvre, le nombre d’animaux a presque doublé depuis 2011. Les éleveurs affirment qu’il n’y a presque plus de terres qui restent en jachère afin de se renouveler et les familles empiètent sur les terres les unes et des autres à la recherche de pâturage. Il existait pourtant une règle ancestrale qui préconisait qu’il y ait dans un troupeau une chèvre pour dix animaux.
Source : www.ft.com