Les déchets en Mongolie – partie 2
Les déchets à Oulan Bator
Oulan Bator produit chaque année près de 1,5 millions de tonnes de déchets, et n’en recycle que 24%. La proportion est encore plus faible lorsqu’il s’agit des 69 000 tonnes de déchets en plastique. Jusqu’en janvier 2018, la ville exportait environ 20 000 tonnes de déchets vers la Chine qui se chargeait alors de les recycler. Cette pratique est aujourd’hui interdite en Chine et la Mongolie n’a ni les infrastructures, ni le système de tri nécessaire pour évacuer ce type de déchets. Vous vous en rendrez compte en vous rendant dans la capitale, certains quartiers de la capitale croulent malheureusement sous les déchets.
Les premières victimes sont ce qu’on appelle les ‘’Ger districts’’, ces banlieues de yourtes entourant la capitale. Les Ger Districts sont constitués de yourtes et de petites maisons en bois mal isolées et entourées de palissades en bois. On n’y trouve ni chauffage, ni eau courante. Pour se chauffer, les habitants brûlent du bois et du charbon et se déplacent à pied pour aller chercher l’eau au puits. Les déchets parsèment généralement le sol de ces quartiers.
Une initiative individuelle
Pourtant, le quartier de Yaarmag se distingue des autres districts d’Oulan Bator dès le premier coup d’oeil. En effet, bouteilles de vodka brisées, canettes vides et mégots de cigarette brillent par leur absence. Ce petit miracle, on le doit à Ulziisaikhan, une femme de 56 ans. Après une courte formation offerte en 2014 par le PNUD (le Programme des Nations Unies pour le Développement), Ulzii et trois autres femmes du quartier ont mis sur pied une petite entreprise. Elles se sont alors mises à ramasser les déchets en plastique pour les recycler et les transformer en tabourets, en chaises, en canapés et autres meubles.
Une formation du PNUD
Cette formation du PNUD avait pour objectif d’améliorer et de diversifier les moyens de subsistance des Mongols ayant migré de la campagne vers la ville suite à la perte de leur bétail. Grace à ce soutien, Ulzii et ses amies ont réussi à créer toujours plus d’emplois tout en s’attaquant au problème de la gestion des déchets. En complément à cette formation, elles ont reçu un kit de démarrage avec du matériel de base pour créer leur entreprise.
Aujourd’hui, c’est une yourte traditionnelle qui leur sert d’usine de production. La matière première principale – à savoir les bouteilles en plastique – y est stockée. Les bouteilles y sont lavées, les étiquettes retirées et le tout se retrouve alors transformé en chaises ou en canapé. Même si un ramassage dans les ruelles est toujours nécessaire, les habitants les apportent aussi d’eux-mêmes.
Ulzii et son équipe reçoivent maintenant des commandes fréquentes. Alors qu’elles souhaitaient au départ simplement créer des modèles simples elles se trouvent aujourd’hui à développer de nouveaux modèles, plus complexes et inspirés par leur imagination ou par les demandes des clients.
Les habitudes changent
Depuis quelques années, les Mongols commencent à être de plus en plus sensibles à ces questions environnementales. L’utilisation excessive du plastique est de plus en plus décriée et des ONGs organisent régulièrement des ateliers de sensibilisation dénonçant l’usage des emballages et du plastique à usage unique. À Oulan Bator, certains cafés offrent des réductions pour les clients qui viennent avec leur propre thermos. Dans les supermarchés, de plus en plus de personnes viennent avec leurs propres sacs en tissu. Bref, la prise de conscience est là, mais encore beaucoup de chemin reste à faire.